LE DROIT DE RIRE EST UN DROIT HUMAIN !

DU RIRE ET DE L’HUMOUR

Le temps ne serait-il pas venu d'admettre que le rire et l'humour ont tous deux un pouvoir incroyable sur nos cerveaux ? De les reconnaître indispensables à nos vies, sans quoi on ne pourrait décemment plus supporter personne ?

D'avouer et de reconnaître que le rire et l’humour nous sauvent parfois au quotidien de la déprime et que l'humour est notre dernier espoir d'échappatoire critique, de recul sur nous-mêmes, sur notre médiocrité, notre folie, notre constante incohérence, nos conflits internes et externes ?

Car, si l'humour est heureusement insolent et foncièrement indiscipliné, parfois bien malgré nous, en surgissant dans le cœur de " la tragédie " que représente la vie, lui seul nous rend capables de tolérer l'intolérable de celle-ci. Serait-il temps de légaliser le rire ? De lui attribuer enfin ses lettres de noblesse et de le hisser au rang d'art majeur ? D'admettre qu'il a un pouvoir incroyable sur nos cerveaux ? De reconnaître que le rire est indispensable à nos vies, sans quoi on ne pourrait décemment plus supporter personne ?

D'avouer que, sans rire, l'ironie nous sauve quotidiennement de la déprime (effets scientifiquement prouvés*) ? Que si la bien-pensance gagne chaque jour du terrain, l'humour est notre dernier espoir d'échappatoire critique, de recul sur nous-mêmes, sur notre médiocrité, notre folie, notre constante incohérence, nos conflits internes et externes ?

On pensait l'humour acquis, mais, n'est-il pas en réalité une espèce menacée, cet Art majeur qui serait digne d'être élevé au rang de quatrième vertu théologale

LES CHAPLINERIES

Si, au final, deux mille cinq cent ans de labeur pour hiérarchiser le rire ont échoué, on constate que depuis Chaplin, on ne s’arrête plus de rire des autres, des puissants, des vaniteux, de soi-même, de ses peurs, de ses angoisses. Expression de la liberté, instrument de justice, arme, force, atout, le rire sait séduire comme il peut exclure. Avec les spécialistes du rire, c'est une autre interface riche d'enjeux culturels et sociaux qui s'offre à l'attention des historiens, des sociologues, des anthropologues et des philosophes, celle entre le rire et le jeu.

L’humour, c’est la vie, c’est notre moteur, c’est l’arme de dérision massive et de résistance, c’est ce qui reste lorsque tout s’écroule, c’est une bouffée d’oxygène, c’est une bouée de sauvetage, c’est de l’huile dans les rouages, c’est un souffle vital, c’est le vent dans les voiles, c’est le rayon de soleil qui transperce l’orage, c’est… difficile d’écrire sur l’humour.

Le rire peut et doit sans doute être aussi considéré comme un instrument d'émancipation spirituelle. Umberto Eco, dans son ouvrage Le Nom de la Rose, proposa une toute autre approche du rire: « Le rire libère le vilain de la peur du diable (...). Se libérer de la peur du diable est sapience (...). Le diable est l'arrogance de l'esprit, la foi sans sourire, la vérité qui n'est jamais effleurée par le doute »

L'on peut aisément noter que le rire de la joie, de l’amour et de la foi dont témoigne saint François d’Assise et pour lequel il nous faut examiner la dimension mystique, trouve sa source première dans l’ancien testament à travers la figure d’Isaac. En hébreu, Isaac se dit Sâkhaq et signifie « celui qui rira » ou « Dieu qui rit ». Isaac est donc l’incarnation symbolique du rire de la grâce divine donnée aux hommes, figure de l’espérance et premier rire de la foi comme signe de la présence divine dans l’immanence naturelle. « Rira bien qui rira le premier » pourrait-on dire à propos du rire d’Isaac. Il n’est pas le dernier et mauvais rire, rire vindicatif, mais le rire du commencement.

L'humour, disait Nietzsche, est ce qui nous permet de supporter la tragédie de l'existence : « L'homme souffre si profondément qu'il a dû inventer le rire ». Quelle tragédie, direz-vous ? Mais l'existence voyons ! Sommes-nous le fruit d'un accident de la Nature, du hasard donc ? Est-ce supportable ? Y trouvons-nous du sens ? L'âme et l'esprit ne seraient-ils que le résultat d'un accident chimique hasardeux ? Une tragi-comédie, non ? A vrai dire, nous pensons qu'il faut une bonne dose d'humour pour supporter cette vision du monde.

Suspendus dans ce que nous identifions comme notre réalité, entre une naissance et une mort qui restent totalement occultes, nous sommes censés donner un sens gratuit à notre existence. Nous nous permettons alors d'émettre l'hypothèse que la faculté de produire de l'humour provient de cet aspect de notre condition humaine. L'humour nous permettrait alors de supporter notre statut d'être biologique, doué de raison et promis au néant.

Nous le comprenons alors comme une noble faculté humaine nous permettant de relativiser, voire de dédramatiser la réalité de notre condition. Nous pouvons identifier que l'humour se catégorise souvent comme ayant une appartenance avec l'esprit et le spirituel.

La démarche est naïve, mais elle vise à provoquer un questionnement autour de ce qu'est l'humour en l'observant comme agissant en chacun de nous. L'idée est qu'il participe à notre équilibre psychique face à notre statut d'être humain au XXIème siècle.

l’humour a quelque chose de profondément libérateur. Ceci prouve que tant que l’on est en vie – donc même dans des situations désespérées –, l’humour peut s’avérer être un élixir de vie.

PROPOSITION

d’une

CHARTE des NATIONS UNIES

autour du RIRE et de L’(H)UMOUR

Laura Chaplin

Chaque être humain a le droit de rire et de faire rire les autres si bon lui semble.

Le droit de rire et de faire rire les autres devrait être explicitement reconnu par l’Assemblée générale des Nations Unies et inclus dans la Charte des droits de l’homme.

Chaque gouvernement national devrait inclure en sa composition un secrétariat du rire et de l’humour.

Tous les gouvernements et les différentes communautés y compris religieuses devraient reconnaître le droit de tous les humains à l’humour et au rire. Ils devraient s’abstenir de toute forme d’interdiction de l’humour ou du rire, et de persécuter ceux qui rient ou font rire.

Le rire et l’humour ne devraient jamais être utilisés pour blesser ou diffamer des individus ou des groupes plus faibles, défavorisés ou menacés.

Davantage de recherches scientifiques devraient être menées sur l'utilisation de l'humour et du rire à des fins thérapeutiques. Le rire et l'humour devraient être reconnus par les compagnies d'assurance maladie et utilisés dans des contextes médicaux et thérapeutiques pour la guérison physique et médicale.

Les institutions sociales telles que les hôpitaux, les maisons de retraite, les foyers pour enfants et les institutions pour personnes défavorisées devraient toutes disposer d'au moins un clown qualifié.

Chaque pays, chaque ville et chaque village devrait organiser au moins une journée du rire par an, au cours de laquelle les gens seraient expressément invités à rire et à oublier leurs soucis.

Chaque pays, chaque ville et chaque communauté devrait promouvoir le rire et l'humour dans la sphère publique – par exemple en encourageant les gens à se sourire dans les transports publics, et en installant un « rire », par exemple une statue d'une personne célèbre pour son humour et son rire.

10.

Le rire et l’humour ne devraient pas être interdits mais largement conseillés dans les établissements d’enseignement. Le rire partagé devrait être encouragé dans la vie quotidienne dans les écoles et autres établissements d'enseignement, et le rire et l'humour inclus dans les programmes scolaires et universitaires.

11.

Chaque entreprise, chaque administration et chaque autorité publique devrait s'engager à proposer régulièrement des coachings d'humour et de rire à son personnel, à rendre le lieu de travail plus humain et à protéger le personnel contre l'épuisement professionnel et la maladie.

12.

La demande de changer le monde avec le rire et l’humour devrait être largement communiquée et médiatisée, et ce quotidiennement, par les divers médias, les entreprises et les organisations du monde entier via les plateformes de médias sociaux, les spots télévisés et radiophoniques, les publicités, les affiches et les panneaux d'affichage.

13.

Tout le monde devrait commencer à sourire – à lui-même et à ceux qui se trouvent à proximité immédiate – en contribuant à rendre le monde plus heureux et meilleur.